A l’atelier le genou à terre...
Lorsque le visiteur découvre mon atelier son regard s’attarde essentiellement sur le mur de liège qui se trouve au fond, face à l’entrée. Rien de plus naturel puisque c’est le seul grand mur du lieu et que s’y trouve, pratiquement toujours, accrochée la toile en cours.
Pour ma part, je le regarde peu, ce mur, et pratiquement jamais de loin.
A l’atelier, je passe beaucoup de mon temps à terre, à genoux ou même à quatre pattes penché sur le lin fripé séché que je prépare. Il sera enduit de couches de peintures liquides, accumulées qui créeront au séchage les glacis utiles à mes fonds. La peinture fraîche ira loger entre les plis du tissu en imprimant sa trace dans les fronces et les commissures.
Lorsque le fond est prêt et que le support est épinglé c’est alors que je peins debout. A cet instant ma face fait face à la toile. Nous sommes collés l’un à l’autre figure contre fibre. Nous nous touchons presque. Je respire et la peinture et la poudre de métal...
La peinture est souvent une histoire de grande intimité.

Texte et photographies Philippe Guesdon, 2022

A sa demande le portfolio regroupe des "fragments droits" adaptés au format carré des diapositives. On peut imaginer les fragments gauche.
26 peintures, Fragments des heures , 2022, acrylique et poudre de métal sur toile.